Qu’est-ce que la symptothermie ?
Définition
La symptothermie, ou méthode symptothermique, est une méthode d’auto-observation des signes de fertilité et d’infertilité tout au long du cycle menstruel. Elle permet ainsi aux femmes et aux couples d’exercer la gestion de leur fertilité de façon autonome, fiable et naturelle.
La méthode symptothermique peut être utilisée lors des différents moments de vie de la femme et du couple :
- pour ne pas concevoir d’enfant ou espacer les naissances (contraception naturelle)
- pour favoriser la conception
- pour accompagner le retour à la fertilité après un accouchement
- lors de la préménopause
- connaissance de soi et de ses rythmes
Gestion autonome de la fertilité
Contrôler sa fertilité par la connaissance de soi et du fonctionnement du corps. Basée sur l’auto-observation du cycle féminin, la pratique de la méthode symptothermique s’acquiert avec un apprentissage, à l’issue duquel l’autonomie est acquise pour le reste de la vie fertile. L’apprentissage consiste à connaître son corps, son fonctionnement fertile, tant au masculin qu’au féminin, et à suivre le déroulement du cycle pour en décrypter le langage et savoir dans quelle phase (fertile ou infertile) il se trouve.
Gestion fiable de la fertilité
L’Organisation mondiale de la santé souligne que la symptothermie a un taux d’efficacité similaire à celui de la pilule. Son indice de Pearl est de 0,4% en cas d’abstinence en période fertile contre 0,3% pour la pilule. (Source: https://liothyronine-de-sante.fr/sante1/la-symptothermie-vers-une-contraception-naturelle/)
Gestion naturelle de la fertilité
La méthode symptothermique permet de préserver le rythme du cycle menstruel, sans intervention extérieure d’aucune sorte. Il suffit d’un thermomètre, de papier et d’un stylo pour la pratiquer. Une fois l’apprentissage terminé, une application peut remplacer le papier et le stylo. Ecoresponsable et économique, la symptothermie se pratique donc sans générer ni pollution ni déchet. Plus besoin d’adjuvants ni d’additifs pour gérer sa fertilité !
Comment ça marche ?
La symptothermie se base sur l’observation de trois signes du corps : la température basale, la glaire cervicale et le col de l’utérus.
Les observations se notent au jour le jour sur un graphique adapté, et l’interprétation de ces notations permet en tout temps de savoir dans quelle phase du cycle on se trouve. Un des grands avantages de la méthode symptothermique est sa réversibilité :
- Qui ne veut pas concevoir va l’utiliser en mode contraception. Savoir quand on est fertile permet d’adapter son comportement sexuel.
- Qui souhaite concevoir va l’utiliser en mode conception. Savoir quand on est fertile permet de favoriser les rapports sexuels pendant la période la plus favorable.
Les règles d’interprétation sont précises et intègrent des marges de sécurité qui leur donnent la fiabilité que l’OMS reconnaît.
Plusieurs études scientifiques, thèses de doctorat et enquêtes ont démontré cette fiabilité :
Histoire
On a pu déterminer, grâce à de rares traces écrites, que le déroulement du cycle féminin semble être intuitivement connu dans toutes les cultures au cours de l’histoire. Mais ce n’est qu’au 20e siècle que les découvertes de la médecine ont permis d’approfondir les connaissances de la physiologie du cycle menstruel. Dès les années 60, avec les progrès de la recherche en pharmacologie, deux voies s’offrent aux femmes et aux couples pour gérer leur fertilité :
- celle de l’intervention sur la fertilité. Il s’agit d’interférer de quelque façon que ce soit sur le déroulement du cycle ou sur le processus de la fécondation, voire celui de la nidation.
Au sens propre des mots, il s’agit de méthodes contraceptives.
C’est le choix le plus fréquent dans les pays nantis. Dans les pays en voie de développement, il connaît un succès grandissant. - celle de l’accompagnement de la fertilité, qui suit le déroulement du cycle. Grâces aux avancées de la science, les signes observables sont de plus en plus précis et surtout mieux interprétables au jour le jour. Ainsi le couple peut choisir de s’unir aux moments propices, selon qu’il souhaite différer une grossesse ou au contraire la favoriser. Plusieurs méthodes de lecture des signes se font jour. Ces méthodes d’auto-observation (ou méthodes naturelles) respectent le rythme de la nature et sont regroupées sous l’appellation PFN (Planification Familiale Naturelle), NFP en anglais et en allemand (Natural Family Planning – Natürliche FamilienPlanung).
Si les méthodes naturelles de régulation des naissances, et en particulier les méthodes symptothermiques, n’ont pas connu le succès fulgurant des méthodes d’intervention, c’est peut-être parce qu’elles sont nées à une époque qui a privilégié la technicité et les technologies. De plus, elles n’offrent aucun avantage commercial, demandent un apprentissage, font appel à la responsabilité des personnes.
Et pourtant, reconnues par l’OMS, elles sont très fiables. Des études ont été faites et plusieurs thèses publiées, qui prouvent leur innocuité et leur efficacité. Les méthodes symptothermiques s’appliquent à chacune des périodes de la vie d’une femme, de la puberté à la ménopause; elles n’ont aucun effet secondaire et ne présentent aucune contre-indication médicale.
Chronologie des découvertes
1930. Découvertes sur la durée. Les gynécologues japonais Ogino et autrichien Knaus constatent que la seconde partie du cycle, après l’ovulation, dure entre 12 et 16 jours. C’était une belle avancée scientifique ! Mais cette connaissance transformée en méthode de calcul a naturellement amené à des conceptions non prévues. En effet, ce calcul suppose que chaque cycle se déroule de façon identique au précédent, ce qui n’est pas le cas !
1950-1960. Découvertes sur la température. C’est dans les années 40 déjà que des articles scientifiques sont écrits par le médecin suisse Rudolf Vollmann à ce sujet. La température basale (température du corps après la plus longue période de repos) s’élève légèrement après l’ovulation. La méthode de gestion de la fertilité basée sur cette variation de température est fiable et constitue une avancée majeure de la gestion de la fertilité.
Depuis 1951, le professeur et médecin autrichien Josef Rötzer travaille avec son épouse Margareta à intégrer les plus récentes découvertes en fertilité dans la pratique de la régulation naturelle des naissances.
1960. Découvertes sur la glaire cervicale. Secrétée au niveau de col de l’utérus pendant la préparation de l’ovulation, la glaire cervicale est observable et permet de déterminer l’entrée en période fertile et l’imminence de l’ovulation. La méthode Billings ou méthode d’ovulation a été développée par le couple de médecins australiens John et Evelyne Billings. Cette méthode est précieuse pour favoriser une conception.
1962. Les docteurs François et Michèle Guy, le docteur Charles et son épouse Abeth Rendu fondent avec quelques autres personnes un organisme pour relier entre elles des associations créées depuis quelques années en France autour de la régulation des naissances et de la vie conjugale. Les statuts de cet organisme sont déposés sous le nom de Centre de Liaison des Équipes de Recherche sur l’amour et la famille (C.L.E.R.). Les médecins René et Isabelle Ecochard rejoignent le CLER à la fin des années 80 et contribuent encore actuellement (2020) aux recherches et développements de la méthode symptothermique du CLER.
1965. Le médecin autrichien Joseph Rötzer publie pour la première fois des informations précises sur la détermination des périodes fertiles et infertiles du cycle féminin par l’utilisation du symptôme de la glaire cervicale et de la température basale du corps. Il est considéré comme le fondateur de la première véritable méthode symptothermique.
1970-1980. Découvertes sur les indices combinés. De nombreux cycles observés permettent de découvrir que les indices glaire et température se répondent et se complètent. A cela s’ajoutent les découvertes sur les variations du col de l’utérus. Combinés, ces trois indices constituent la méthode symptothermique, dont les règles de notations et de lecture varient selon les pays, mais atteignent toujours la même fiabilité.
En Belgique, c’est la Fédération francophone pour le planning familial naturel qui a été fondée et fait la promotion de la PFN.
Dès 1974, le Dr. Rötzer collabore avec sa fille Elisabeth Rötzer aux recherches et développements de la méthode symptothermique.
1978. Naissance en Italie de C.A.Me.N (Centro Ambrosiano Metodi Naturali). Le Centre est fondé à la demande de l’Ufficio Famiglia della Diocesi di Milano par quelques personnes disposées à travailler sur les méthodes naturelles de régulation des naissances.
1985. Les doctoresses Elisabeth Raith et Petra Frank publient chez Springer-Verlag un livre intitulé « Natürliche Familienplanung : physiologische Grundlagen, Methodenvergleich, Wirksamkeit : eine Einführung für Ärzte und Berater». Ce livre est depuis continuellement réédité et constitue un des best-sellers mondiaux sur la méthode symptothermique.
Fin des années 1980. Découvertes sur l’interaction entre allaitement et fertilité : dans des conditions bien précises, l’allaitement bloque en principe les cycles menstruels. La MAMA, Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée, se développe et les conditions dans lesquelles l’allaitement induit l’infertilité sont validées en 1988 par des médecins lors d’une rencontre internationale à Bellagio (I) sous le nom de Consensus de Bellagio. En savoir plus…
1988. L’association AVIFA Fribourg est fondée par plusieurs couples et femmes, dont Tatjana Barras-Kubski, Monique Oggier Huguenin, Anne et Germain Collaud, Elisabeth et Nicolas Yerly, qui ont découvert l’existence de la méthode symptothermique du CLER et veulent se former pour l’enseigner. La fondation des associations AVIFA Valais et AVIFA Suisse romande s’ensuit rapidement.
1991. Fondation en Italie de la Confederazione Italiana dei Centri per la Regolazione Naturale della Fertilità (C.I.C.R.N.F.). Cette faîtière réunit des associations qui oeuvrent à l’enseignement et à la promotion des méthodes naturelles telles que la méthode Rötzer, la méthode CAMeN ou encore la méthode Billings. Le Dr. Michele Barbato en est une des chevilles ouvrières.
1992. Fondation à Grenoble (F) de l’IEEF/EIFLE, faîtière européenne réunissant des organisations non gouvernementales actives dans la promotion, notamment, de la régulation naturelle des naissances.
Fin des années 1990. On découvre avec plus de finesse les différentes interactions des hormones de la fertilité et le rôle qu’elles jouent dans la santé en général. Par ex. : rôle des oestrogènes dans le maintien de la masse osseuse.
2018. La Fédération francophone pour le planning familial naturel, en Belgique, fait place à une nouvelle association, le Planning Familial Naturel belge, qui enseigne la méthode Sensiplan.
2019. En Suisse romande, l’association AVIFA Fribourg est remplacée par l’association Symptothermie Suisse.
Premier quart du 21ème siècle. Les règles d’interprétation s’affinent, et au niveau européen, une méthode symptothermique commence à se généraliser sous le nom de Sensiplan. La méthode promue par le CLER se nomme désormais Cyclamen.
Des applications pour smartphones apparaissent, qui permettent de noter les observations avec plus ou moins de finesse mais aucune d’entre elles n’égale l’intelligence humaine en ce qui concerne la lecture et l’interprétation des données récoltées.